Le réalisateur Sylvio Back a assisté au congrès annuel de novembre de Writers & Directors Worldwide, représentant l’Association générale des réalisateurs d’œuvres cinématographiques et audiovisuelles du Brésil, où il a présenté un résumé de la situation des auteurs dans son pays natal. A l’heure actuelle, la DBCA attend l’autorisation du Ministère de la Culture pour commencer à collecter et répartir les droits concernant les œuvres radio- et télédiffusées dans son pays et à l’étranger, c’est donc une période intense pour les créateurs de cette région.
Le discours de Sylvio est reproduit ci-dessous et offre un aperçu de l’importance d’une rémunération équitable des auteurs audiovisuels.
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Cap sur l’avenir
L’expression « Brésil, terre d’avenir », le titre d’un livre de Stefan Zweig publié en 1941, est emblématique car elle est pernicieuse, souvent utilisée comme une sorte d’épithète ironique qualifiant une nation pour laquelle l’avenir se fait attendre ! En tant que réalisateur de « Lost Zweig », un moyen métrage relatant l’histoire du célèbre auteur juif autrichien qui s’est suicidé au Brésil pendant la seconde guerre mondiale, je peux dire que je sais de quoi je parle.
Les réalisateurs et scénaristes brésiliens de films de télévision, longs métrages, documentaires et films d’animations ainsi que les interprètes et les acteurs assurant le doublage, sont sur le point de recevoir l’autorisation explicite du Ministère de la Culture brésilien de collecter et de répartir des droits d’auteur des radio- et télédiffuseurs (chaînes de télévision publique et par câble ; cinémas et distributeurs de films ; opérateurs de téléphone mobile et plateformes numériques telles que le streaming et les clouds de stockage de données, etc.). Notre secteur audiovisuel consolidé peut enfin aspirer une grande bouffée d’air car l’avenir qu’il entrevoit est porteur d’espoir et de succès.
Ces bonnes nouvelles doivent être annoncées car elles coïncident avec un rêve sans précédent dans la société, résultant d’une harmonisation salutaire coordonnée par la
DBCA (Association générale des réalisateurs d’œuvres cinématographiques et audiovisuelles brésilienne) qui regroupait tous les secteurs de l’industrie : une collecte unifiée et efficace de cette importance morale et financière réalisée auprès des radio- et télédiffuseurs, conciliant ainsi les intérêts juridiques, institutionnels et technologiques que toutes les entités possèdent obligatoirement.
C’est la concrétisation d’une exigence révolutionnaire, développée sous l’égide de la DBCA, en un processus de rémunération équitable par le droit d’auteur car elle répond aux normes de réciprocités établies par la
CISAC (Confédération Internationale des Sociétés d’Auteurs et Compositeurs) et l’
ADAL (L’Alliance des réalisateurs audiovisuels d’Amérique Latine comprenant l’Argentine, le Brésil, le Chili, la Colombie et le Mexique), deux défenseurs notoires historiques de la dignité des créateurs.
Il est temps de mettre un terme à la différence qui existe entre les droits collectés pour leurs auteurs d’œuvres musicales et les droits des créateurs audiovisuels. Nous exigeons d’être placés immédiatement sur un même pied d’égalité pour pallier cette injustice.
Les réalisateurs et scénaristes brésiliens ne sont pas seuls ! Les efforts inégalés déployés par la DBCA pour obtenir une reconnaissance institutionnelle du Ministère de la Culture du Brésil s’ajoutent au soutien sans faille et au prestige de 239 organisations similaires dans 121 pays sur les cinq continents, que comptent la CISAC et l’ADAL. Comme nous, ce sont d’ardents défenseurs d’une rémunération équitable de la diffusion publique d’œuvres de tous les répertoires.
Cette étape significative nous conduit vers la mise en place vertueuse, déjà obligatoire dans plusieurs pays d’Amérique Latine, d’Europe, du Moyen-Orient et d’Asie-Pacifique, de paiements incontestables découlant des droits applicables aux créateurs d’œuvres audiovisuelles, dans les médias numériques et non numériques.
Des millions de dollars et d’euros sont bloqués. Lorsque des contrats de réciprocité seront signés avec des organisations de gestion collective sœurs, ces fonds seront rapatriés et constitueront un patrimoine substantiel qui pourra redonner vie complètement à l’économie créative, pas seulement au bénéfice des auteurs mais également du développement culturel et artistique du pays.
Si les droits d’auteur sont le salaire des créateurs, ils sont aussi, par extension, un marché dans son sens le plus légitime car l’un n’a pas d’existence sans la production de l’autre. C’est un droit humain fondamental et qui fait partie intégrante de l’âme, en tant que droit prépondérant, reconnu depuis le siècle des Lumières.
Un droit de propriété immatériel exceptionnel dans la Déclaration des droits de l’homme de l’ONU de 1948, non cessible et inaliénable par nature, ce qui fait de ce droit une part de la richesse même d’une personne. C’est pourquoi les créateurs ont besoin d’une rémunération équitable lorsqu’ils produisent des œuvres qui sont acquises par l’acheteur final. Jamais auparavant les auteurs n’ont été confrontés à un tel pillage en toute impunité de la part des radio- et télédiffuseurs comme c’est le cas aujourd’hui.
Nous savons que le créateur est le principal détenteur des droits sur ce qu’il a créé, depuis son élaboration jusqu’à la diffusion au public et qui se concrétisent dans un soutien vertical et horizontal, physique ou numérique. Dans cette triste situation d’exploitation illégale largement répandue, l’autorité morale inestimable de l’auteur constitue l’ADN de l’œuvre. Nous sommes au cœur d’un sujet qui est de la plus haute importance ces temps difficiles.
Comme l’a souligné la députée colombienne Clara Rojas, la suppression de cette rémunération est un outrage aux droits de l’homme : les droits des auteurs sont des droits de l’homme. Ce à quoi l’avocat chilien Santiago Schuster a ajouté catégoriquement : « les créateurs sans droits d’auteur sont des citoyens privés de leurs droits politiques. »
Alors qu’il s’apprête à honorer son patrimoine audiovisuel considérable en collectant et répartissant les droits d’auteur à un niveau national et international par le biais d’un organisme de collecte unique, le Brésil confirme sa solidarité avec tous les créateurs, par l’intermédiaire de la voix active de la DBCA.
Nous réaffirmons dès lors notre engagement inflexible dans le soutien constant des efforts politiques, institutionnels et technologiques déployés par la CISAC, par le biais de Writers & Directors Worldwide, et l’ADAL, un groupe d’entités dont l’action essentielle et collective conduit finalement à l’avènement mondial de nos droits d’auteur sacrés.
Sylvio Back, réalisateur, poète, scénariste et auteur brésilien ; président de la DBCA